Encoprésie
L'encoprésie de l'enfant s'impose comme un symptôme polyfactoriel complexe et évolutif. Il évoque un triple dysfonctionnement : relationnel, parental et infantile.
L'anamnèse psychosomatique des encoprétiques témoigne des vicissitudes intergénérationnelles de la négociation d'une contenance éducative familiale. Plus spécifiquement, elle met en exergue les avatars de la conquête d'une balance tempérée entre investissement auto-érotique et investissement objectal pendant la phase orale puis anale. En suivant cet axe développemental, épistémologiquement fédérateur, les auteurs proposent des repères structuraux originaux qui soulignent la diversité psychopathologique de l'encoprésie et ouvrent la discussion sur les différentes indications thérapeutiques appropriées.
Les résultats d'une étude multicentrique portant sur 54 enfants, recrutés en pédiatrie, éclaire cette disparité structurale : l'encoprésie est réactionnelle dans 3,7 % des cas, à polarité névrotique pour 11 % des enfants, sur le versant psychosomatique pour 62.9 % d'entre eux et mixte dans une proportion de 22,4 %. La subversion auto-érotique, inhérente au symptôme dans les formes mixtes et psychosomatiques, comporte le risque d'une surenchère auto-calmante addictive qui donne à ces tableaux leur valence dépressive. La reconnaissance de cette fréquente dérive, lourde de conséquence sur le devenir de l'enfant, devrait conduire les pédiatres et les psychothérapeutes à se mobiliser autour de l'encoprésie sans la banaliser.
La position clinique et théorique des auteurs face à l'encoprésie renvoie dos à dos les fanatiques de l'étiologie organique et les intégristes de l'explication psychogène. Leur témoignage d'une collaboration entre une gastro-pédiatre et un psychologue est un plaidoyer en faveur d'une complémentarité thérapeutique pluridisciplinaire.