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28 et 30 novembre 2014

Séminaire International Inter-universitaire sur la Clinique du Handicap
Université Paris Descartes

« Et si le handicap n’était pas une tragédie ? »

Paris, du vendredi 28 novembre 2014 à 18h au dimanche 30 novembre à 13h

Institut de Psychologie
71, avenue Edouard Vaillant
92774 -Boulogne-Billancourt Cedex

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Argument du 9e SIICLHA

Le handicap n’est pas dans un rapport d’opposition binaire avec la normalité, mais, comme le suggère G. Canguilhem, dans un nouveau registre du fonctionnement du vivant. Ainsi, les connaissances acquises dans le domaine du « hors-norme » permettent d’éclairer et d’enrichir celles du fonctionnement normal : « J’insisterai davantage sur la possibilité, et même l’obligation, d’éclairer par la connaissance des formations monstrueuses celle des formations normales. Je proposerai avec encore plus de force qu’il n’y a pas en soi, et a priori, de différence ontologique entre une forme vivante réussie et une forme anormale manquée. » (G. Canguilhem, Essai sur quelques problèmes concernant le normal et le pathologique, 1943/1966).

Dans cette perspective, le handicap ne peut être réduit à la pathologie dès lors qu’il s’impose comme une expérience d’altérité. L’altérité est ici à entendre comme l’appel à reconnaître l’autre en soi avec la part d’inquiétante étrangeté qui nous rend si souvent étrangers à nous-mêmes. La figure du handicap n’est plus alors « extérieure à soi », mais, intrinsèquement, profondément liée à notre condition humaine, source de connaissances et de savoirs.

Ce positionnement nous invite à considérer la personne handicapée, sa famille et le groupe non seulement en termes de manque et de négatif, mais, tout autant, en termes de potentialités créatrices. Et, force est de constater, combien la culture du handicap est classiquement prolixe sur les premières et laconique sur les secondes.

Or, justement, une fois n’est pas coutume, nous souhaitons explorer à l’occasion de ce 9ème colloque international du SIICLHA les trajectoires fécondes de la confrontation au handicap allant parfois jusqu’au dépassement de soi. Cette direction pourrait paraitre provocatrice, en fait, elle s’inscrit dans la continuité de tout un cheminement des réflexions théoriques et cliniques de ces dernières années au SIICLHA.

Interroger le handicap comme une possible valeur positive authentique implique d’emprunter des chemins inédits, parfois périlleux, qui exigeront de ne pas l’approcher exclusivement sur le mode tragique que l'habitude lui prête, ni sur le seul mode du déni de la souffrance et des pertes vécues par ceux qui les vivent et par ceux qui les accompagnent.

Dans cet esprit, nous aborderons des sujets rarement évoqués par les praticiens et les chercheurs tels que : les défenses maniaques, les stratégies de contournement, le dévouement sacrificiel, le bénéfice secondaire, le gain, le plaisir, les effets pervers, la dépression.

Sans idéaliser la souffrance, nous proposons d’aborder les vertus et les vertiges des ressources individuelles, collectives dans une zone de réflexion tempérée à l’abri des impasses extrémistes.  Aux cotés des  notions de traumatisme, deuil, douleur, violence nous souhaitons explorer les processus de virtualités plurielles individuelles et collectives.

En tant que cliniciens nous sommes convoqués à replacer les problématiques spécifiques que le handicap impose dans l’universalité des processus psychiques propres à l’humain. Cela exige de travailler sur les mouvements contre-transférentiels de forte amplitude que la rencontre avec le sujet handicapé induit. La rencontre avec l’enfant, l’adolescent, l’adulte en situation de handicap vient frapper à la porte de nos plus profondes angoisses, de nos peurs infantiles et de nos propres positions dépressives. Elle vient mettre à l’épreuve nos possibilités d’identification et solliciter nos capacités d’empathie.

Ces liaisons complexes méritent d’être reconnues… mais également un autre mouvement en présence plus méconnu sinon secret : la surprise de notre oubli du handicap de la personne lorsque, à l’écoute des profondeurs de sa réalité psychique, nous pouvons l’identifier comme porteuse d’une marque devenue invisible.

La clinique du sujet en situation de handicap, les parcours de vies, les récits des personnes concernées, des familles, des groupes et des professionnels nous invitent à dédier ces nouvelles journées du SIICLHA à l’inventivité de l’humain face à sa propre vulnérabilité dont le poids écrasant du réel ne le prive certainement pas de la possibilité de desserrer l’étau du destin.

Bien cordialement à tous,

Albert Ciccone, Professeur (CRPPC), Université Lyon 2
Marcela Gargiulo, MCF (PCPP), Université René Descartes Sorbonne Paris Cité
Simone Korff-Sausse, MCF (CRPMS), Université Diderot Sorbonne Paris Cité
Sylvain Missonnier, Professeur (PCPP), Université René Descartes Sorbonne Paris Cité
Roger Salbreux, Pédopsychiatre (AIRHM, ANECAMSP, CNHandicap) Paris
Régine Scelles, Professeur (Psy-NCA), Université de Rouen

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POUR MEMOIRE, LES PUBLICATIONS DU SIICLHA :

Un premier livre réunissant certaines des contributions du premier séminaire (Paris, 2006) a été publié : CICCONE A., KORFF-SAUSSE S., MISSONNIER S., SCELLES R., (2007). Cliniques du sujet handicapé. Actualité des pratiques et des recherches. Toulouse, Érès.

un  deuxième, réunissant certaines des contributions du deuxième séminaire (Nanterre, 2007) : CICCONE A., KORFF-SAUSSE S., MISSONNIER S., SCELLES R., (2008). Handicap : l'éthique dans les pratiques cliniques. Toulouse, Érès.

un troisième donnant suite au séminaire de Rouen en 2008 : CICCONE A., KORFF-SAUSSE S., MISSONNIER S., SCELLES R., (2009), La vie psychique des personnes handicapées, Toulouse, Érès.

un quatrième donnant suite au séminaire de Lyon en 2009 : CICCONE A., KORFF-SAUSSE, MISSONNIER S., SALBREUX R., SCELLES R., (2010), Handicap, identité sexuée et vie sexuelle, Toulouse, Érès.

un quatrième donnant suite au séminaire de Boulogne en 2010 : MISSONNIER S. (dir.) CICCONE A., KORFF-SAUSSE S., SALBREUX R., SCELLES R., (2012) Honte et culpabilité dans la clinique du handicap, Toulouse, Eres.

un cinquième donnant suite au séminaire de Paris en 2011 : KORFF-Sausse, S., CICCONE A., MISSONNIER S., SCELLES, R., (2013), Art et handicap. Enjeux cliniques ? Toulouse : Érès.

un sixième donnant suite au séminaire de Rouen en 2012 : SCELLES R. (dir), CICCONE A., KORFF-SAUSSE S., MISSONNIER S., SALBREUX R., Famille, culture et handicap, Toulouse : Érès.

SIICLHA ??

L’objectif du SIICLHA est de mettre en réseau et de faire travailler ensemble des professionnels du terrain engagés dans la recherche, des étudiants de Master et de Doctorat, des enseignants-chercheurs intéressés par la recherche dans le champ du handicap avec une approche psychodynamique et/ou psychanalytique. Le séminaire est inter-disciplinaire, il concerne la psychologie et ses articulations, avec toutes les disciplines en sciences humaines.
Le SIICLHA organise une manifestation par an et publie un livre par an aux éditions Érès.
L’objectif est de se centrer sur des thématiques fondamentales et complémentaires autour de la clinique et des théories du handicap. Dans cet esprit, les conférences laissent une large place au débat et les ateliers fonctionnent comme des séminaires de recherche où des études sont présentées et discutées.
Des chercheurs italiens, belges, suisses, anglais, tunisiens, québécois participent activement à ce réseau depuis sa création.
Si vous-même travaillez ces questions ou si vous connaissez des chercheurs, des professionnels, des doctorants, en France ou à l’étranger, qui travaillent sur le thème de l’année 2014 :
« Et si le handicap n’était pas une tragédie », n’hésitez pas à leur communiquer l’information et à faire des propositions.
Il est possible de faire des propositions individuelles ou de proposer un symposium qui ferait suite à un travail collectif de recherche mené avec un groupe de personnes dans la région ou le pays où vous travaillez.
Dans chaque colloque nous organisons des ateliers réservés aux doctorants qui souhaiteraient, en présence de professeurs spécialisés dans leur champ, exposer et discuter leurs travaux en cours ou achevés. Les recherches des doctorants peuvent déborder la thématique du colloque mais doivent toujours concerner l’approche clinique du handicap.